Et si la procrastination était une invitation à prendre soin de soi ?
- Fanette, Coach & Educ
- 21 janv. 2022
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 août 2023
En ce mois de janvier, chacun se fait des promesses, pose ses intentions et ses souhaits pour l’année à venir. C’est inscrit dans notre société : changer d’année, c’est la promesse d’un nouveau départ. Est-ce que cette année vous parviendrez à aller au bout de vos engagements, à vous mettre en route vers vos rêves ? Ou bien, faites-vous partie de celles et ceux qui ne se font plus de promesse parce que vous savez que vous n’irez pas au bout ?
Vous croyez vraiment que Mister Noisette se pose ce genre de questions ?

Lui, c’est le champion du vivre l’instant présent, du lâcher-prise et du moi d’abord. Il est tombé dedans quand il était petit… Chanceux!
Il avance pas à pas au gré de ses besoins et de ses désirs. Un vrai sage de la pleine conscience, quoique… je ne suis pas bien sûre que sa lucidité de lui-même et du monde qui l’entoure soit très développée… Un brin narcissique Mister Noisette…
Il y a des jours où je l’envie sacrément. Surtout les jours où ma liste de choses à faire est si longue que je ne sais pas par quel bout la prendre… sans parler de toutes les choses que je n’ai pas inscrites car elles font partie de la routine quotidienne. Et puis, avec 4 enfants, les imprévus sont à prévoir !...
Alors oui, ces jours-là, je regarde Mister Noisette allongé nonchalamment dans une position improbable, plantant son regard dans le mien. Et j’hésite à le rejoindre, en remettant à plus tard toutes les choses que je me suis imposée de faire et toutes mes responsabilités de maman, de femme et d’entrepreneuse. Je crois parfois qu’il me nargue. Ou bien peut-être qu’il m’invite tout simplement à lui faire une caresse, à baisser le rythme et à me reconnecter à l’essentiel ?
Plus une société se développe, plus le rythme de vie s’accélère, plus on s’impose des tâches, plus les impératifs s’accumulent et plus la procrastination s’accroît. Oh le beau cercle vicieux !
Et il paraît que les français sont les champions en la matière. Il y a même une journée mondiale dédiée à la procrastination, le 25 mars. C’est pour dire ! (Entre nous, je me demande bien comment cette journée s’organise. Chacun sort en pyjama-pantoufles ou fait un selfie sur son canapé pour l’envoyer à son patron ou pour le mettre sur les réseaux sociaux, #aujourdhuijeglandeetjassume)?
Le figaro [1] explique que chaque français procrastinerait 1h par jour au travail. Sans parler de tout ce que l’on reporte dans sa vie personnelle et/ou familiale. Alors, si nous parlions procrastination pour commencer cette nouvelle année sur des bases saines et éclairées. Est-ce que Mister Noisette procrastine selon vous?
C’est quoi la procrastination ? Et puis, pourquoi ce serait un problème ?
Procrastiner, c’est un mot très en vogue. Mais, qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Le Nouveau Petit Robert de 1993, que j’ai dépoussiéré pour l’occasion, nous dit qu’il s’agit de la « Tendance à tout remettre à demain, à ajourner, à temporiser ».
Sur le site passeport-santé [2], on la définit « comme un phénomène (…), comme une tendance volontaire à repousser les tâches prévues, nécessaires et importantes en dépit des conséquences potentiellement négatives qui en découlent ». Ok.
Mais, il est où le problème ? Avec les journées à rallonge que l’on a, c’est bien normal de reporter des choses, c’est même vital selon moi. Savoir temporiser est précieux pour se préserver et éviter entres autres le burn/bore out ou autres craquages passagers. Oui, il y a des avantages à procrastiner.
Reporter nos obligations à demain, c’est avoir l’impression d’être libre. Liberté de choisir, de se contraindre, d’assumer ses responsabilités, de respecter son propre rythme, de ne pas se surcharger. Cela permet de se prémunir du stress, de se protéger de l’anxiété et de favoriser sa créativité. Ça fait rêver non ?
Oui… Mais ces avantages ne sont-ils pas éphémères et illusoires ? La procrastination n’est-elle pas la mise en place de stratégies d’évitement ? Elle devient problématique lorsqu'elle entraîne des conséquences sur notre quotidien, qu’elles soient financières, administratives, professionnelles ou relationnelles.
Par exemple, si je n’ai pas payé la facture avant la date butoir, je prends le risque que l’on me coupe l’électricité ou de payer un supplément. Si, je ne rends jamais un dossier dans les temps au travail, cela peut me valoir un avertissement, puis possiblement un licenciement. Ou encore, si je ne tiens pas mes engagements au quotidien ma/mon conjoint(e) peut se lasser et finir par me quitter. Etat de stress et d’angoisse latent… ça fait tout de suite moins rêver, non ?
Alors oui, lorsqu’elle devient pathologique, cette tendance à tout remettre à demain peut faire des dégâts. La procrastination est problématique lorsqu’elle nous empêche d’atteindre nos rêves, lorsqu’elle nous amène à passer à côté de notre vie. Sans oublier ce sentiment de culpabilité qui nous envahit.
Mister Noisette n’est peut-être pas conscient de ce qu’il est et donc de ce qu’il doit faire, mais nous humains, savons très bien quelles sont nos obligations et nos devoirs. Et, c’est très inconfortable de vivre un conflit interne entre ce que l’on ressent devoir faire et ce que l’on réalise en réalité.
La procrastination devient néfaste lorsqu’elle nous maintient dans un état de stress, d’anxiété et d’insatisfaction permanent, qui peut conduire progressivement à la baisse de l’estime de soi. Le cercle vicieux de la peur de l’échec s’installe et il peut être difficile d’en sortir, sans être accompagné.
Elle vient d’où cette procrastination ?
Selon Marion Martinelli [3], psychologue et neuropsychologue, qui s’appuie sur les travaux de Jeffrey Young et de son livre « La thérapie des schémas », la procrastination trouve son origine dans un manque de contrôle des émotions et dans une autodiscipline insuffisante.

Les procrastinateurs peuvent ne pas se montrer raisonnables (addictions), éviter sans cesse les efforts physiques et intellectuels, ne pas assumer leurs responsabilités, oublier leurs rdv et être souvent en retard. Ces personnes peuvent manquer de persévérance, abandonner leur projet en cours de route ou encore paraître immatures. Elles peuvent aussi être authentiques et partager aisément leurs émotions, opinions et états d’âme.
Dans les formes sévères, ces traits peuvent être poussés à l’extrême et devenir handicapant au quotidien (désinhibition, impulsivité, violences, troubles addictifs…).
Le nouveau-né arrive par nature au monde immature. Il ne sait pas gérer ses émotions, n’a pas d’autodiscipline, est dépendant de ses parents pour remplir ses besoins, pour survivre. Ces compétences s’acquièrent progressivement, au gré de l’expérimentation de l’enfant. La procrastination semble devenir pathologique lorsque l’individu n’a pas développé de limites suffisantes. Cela peut provenir d’une éducation trop laxiste, où les enfants sont peu valorisés et peu encouragés lorsqu’ils font un effort au niveau de la gestion de leurs émotions ou de leur autodiscipline (par exemple, je décide de faire d’abord mes devoirs, puis d’aller jouer, sans que mes parents ne me le demandent ou bien lorsque je suis en colère, je choisis de crier dans un oreiller plutôt que de taper mon frère).
Pourquoi procrastine t-on ?
Il serait facile de faire le raccourci entre la procrastination et la fainéantise. Mais cela ne serait pas juste. On peut effectivement préférer naviguer sur le net, au gré des vidéos de bébés ou d’animaux tous plus mignons les uns que les autres, ou encore regarder des recettes de cuisine ou des tutoriels de bricolage que l’on ne réalisera jamais. Et ça, je pense ne pas me tromper si je dis que nous sommes tous confrontés à ces dérives « webinales », sans que cela n’ait de conséquences majeures dans notre vie. Dans ce cas, on peut effectivement parler de flemme passagère. On peut l’appeler une « procrastignardise » si vous préférez (vous remarquerez que j’aime inventer des mots).
Mais, la procrastination peut cacher des problématiques bien plus profondes. Comme je l’ai dit, cela permet d’éviter le stress et l’anxiété, sur l’instant présent. « Oui, j’ai une tonne de papiers à trier, mais cela peut bien attendre demain. Si j’allais faire une petite caresse à Mister Noisette et profiter de ses ronrons apaisants? ».
Parfois, on préfère ne rien faire, tant que l’on n’est pas sûre de le réaliser parfaitement, cela vient du perfectionnisme et/ou de l’hyper contrôle. Et du coup, à force de vouloir faire à la perfection et de tout maîtriser, on se crée des blocages, des limites et nos projets piétinent. On peut avoir peur de mal faire, de ne pas être à la hauteur. Cela touche alors la confiance en soi, qui amène progressivement à la dégradation de l’image de soi.
Et puis parfois, rien ne nous motive, rien ne fait sens, rien ne nous nourrit et cela peut être signe d’une déprime passagère qui peut se transformer en dépression si l'on ne prend pas soin d'elle.
Alors, on fait quoi ?
On arrête les listes, les projets et les résolutions de la nouvelle année pour éviter de se mettre des pressions supplémentaires ou de se mettre en situation d’échec ?
Non, bien sûr que non. Sans projet, sans intention, sans envie d'évolution et de changement, la vie serait bien terne, vide de sens. Et puisque l’on passe finalement peu de temps sur cette Terre, autant s’amuser et aller au bout de ses rêves non ? Et si on commençait par arrêter de se juger, de s’autosaboter?
Et si nous décidions de voir la procrastination comme une invitation à prendre soin de soi ? Alors oui aux résolutions et aux projets, mais en étant pleinement engagé. Sortir de sa zone de confort, sans se mettre en situation d’échec.
Voici quelques propositions de moyens qui pourraient vous permettre de cheminer sur cette problématique qu'est la procrastination :
1. Un travail d’introspection
Cela nécessite avant tout de bien se connaître : quelles sont mes valeurs, mes besoins, mes limites, mes points de fragilité, mes forces et mes objectifs ? Que dois-je mettre en place pour les atteindre, tout en respectant mon écologie ? A quels moments de la journée, de la semaine, suis-je le plus efficace ? Est-ce que je travaille mieux sous pression?
2. Hiérarchiser vos priorités
Un outil intéressant a été pensé par Dwight David Eisenhower, qui permet de hiérarchiser les tâches en 4 catégories, il s'agit de la matrice d'Eisenhower :

Pour en savoir plus, je vous invite à découvrir cette courte vidéo au sujet de la matrice d'Eisenhower.
Il existe de nombreux outils. Je propose par exemple l’exercice « Objectif zéro parasitage » à mes clients, qui permet de travailler sur toutes les petites actions du quotidien qui nous vident de notre énergie parce que l’on ne parvient pas à les réaliser. Vous savez, les petits trucs auxquels vous pensez dans votre douche ou en vous couchant « Purée, j’ai encore zappé d’appeler … ».
3. Alterner les tâches plaisantes et les tâches déplaisantes
L’idée est de gonfler votre motivation à bloc. Il sera plus aisé de vous mettre à une tâche ardue si vous savez qu’une fois terminée vous allez vous octroyer un petit plaisir. Tout comme il sera plus facile de vous remettre au travail, après avoir pris du temps pour faire ce que vous aimez.
Prendre soin de soi avant tout et le faire sans culpabiliser. Pour cela, il est capital d’intégrer des temps de douceur, de plaisir et de repos dans votre emploi du temps. Pour être en énergie et être efficace, il faut avoir une bonne hygiène de vie, physique, psychique, émotionnelle et relationnelle.
4. Valoriser ses réussites
La notion de gratitude est fondamentale ! Oui vous avez le droit (et le devoir même) d’être fier(e) de vous, de vous le dire, de l’écrire, le crier, le chanter. Vous avez même le droit de vous récompenser !
5. Découper une tâche conséquente en micro-actions
Par exemple, le rangement du garage. Cela fait des mois que vous repoussez cette tâche, parce qu’elle va vous être coûteuse en terme de temps et d’énergie. Et puis, ce n’est pas une mission que vous trouvez très gratifiante... Vous pouvez décider de vous y atteler chaque jour pendant 20 ou 30 minutes, où de commencer par les étagères, puis les outils, puis les jeux des enfants, etc…
Cela permet de cumuler les situations de réussites, de satisfaction, de valorisation et de motivation.
6. Cadrer ses temps de ce que j’appelle la « procrastignardise »
Vous avez le droit de ne pas être efficace, d’avoir la flemme, de ne pas avoir envie, d’être plutôt dans le creux que dans le haut de la vague. Et c’est d’ailleurs bon signe que vous en ressentiez le besoin : vous êtes humain !
Et ça, c'est une sacrée bonne nouvelle non?
Ce qui est important, c’est de cadrer ces temps OFF. Mister Noisette n’a aucune limite sur ses pauses. La seule chose qui le pousse à retrouver un peu d’energie, c’est son estomac. Et pas besoin d’être efficace lorsque l’on trouve une gamelle pleine de croquettes fraîches sans fournir le moindre effort…
Alors, à votre avis, est-ce que pour Mister Noisette, on peut parler de procrastination ?
Vous aidez à retrouver votre motivation, à sortir de cette culpabilité qui s’est installée progressivement et à trouver l’organisation qui respecte votre écologie font partie intégrante de mes compétences de coach et de professionnelle de l'accompagnement depuis 2002. Pour en savoir plus sur le coaching de vie, vous pouvez lire mon article "Mon accompagnement en Life Coaching?" ou me contacter via le formulaire.
Fanette, Coach&Educ 🌱
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Merci !
[1] Journal Le Figaro, article du 25/03/2018, publié par Quentin Périnel, https://www.lefigaro.fr/entrepreneur/2018/03/25/09007-20180325ARTFIG00008-les-francais-sont-des-champions-de-la-procrastination.php [2] https://www.passeportsante.net/fr/psychologie/Fiche.aspx?doc=procrastination [3] Marion Martinelli, Psychothérapie de la procrastination, https://www.youtube.com/watch?v=yjvODtARwQA
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