Parler de la mort aux enfants

Après sa matinée à l'école, petit bonhomme aux supers pouvoirs (TDAH, TSA et TOP) s'est installé dans la voiture, comme chaque jeudi.

Malgré les retours positifs de son AESH (pas de décharges physiques sur ses camarades et très motivé à faire les exercices demandés, youpi!), je le trouvais bien calme et silencieux, ce qui n'est pas DU TOUT dans ses habitudes !

Je n'ai même pas eu le droit à l'éternel monologue sur son amour pour JUL (vous savez le rappeur ?) et sa visite surprise à Marseille pour lui dire combien il l'admire, ni à son déménagement prévu au Japon pour quand il aura 18 ans et où JUL sera son premier invité (j'ai le droit à la 4ème position après papa et maman, je suis chanceuse ).

Bref, un étonnant silence... Je l'accueille. Il profitera d'un feu rouge pour me poser cette question :

"Fanette, est-ce que quand on est mort, mort vraiment hein, est-ce qu'on peut revenir ?"

Son grand-père est décédé il y a quelques semaines, il est en pleine digestion de l'information et des inquiétudes entraînées par cette nouvelle prise de conscience : son papi n'a vraiment pas l'air de revenir.

Dans ma tête, je le remercie d'avoir attendu que je sois arrêtée au feu pour me poser sa question.

Une magnifique question ! Sur le moment, je suis touchée qu'il vienne la déposer auprès de moi, mais j'aurai aimé avoir le temps de débriefer avec ses parents pour respecter leurs croyances autour de la mort.

Parler de la mort aux enfants... Quel sujet sensible et personnel ! Je ne veux surtout pas que les enfants que j'accompagne (ni les miens d'ailleurs !) ressentent le moindre tabou, la moindre gêne en évoquant la mort qui fait partie de la vie. Mais, il me semble important de rester prudente dans ce que je transmets, qui sont des croyances qui m'appartiennent.

J'aurai pu lui dire que nous en parlerions plus tard, en présence de papa et maman. Mais, j'ai senti qu'il y avait un besoin qu'on ne pouvait pas faire attendre.

Je lui ai donc répondu que chaque personne se racontait sa propre histoire pour avoir moins de chagrin, mais que j'étais certaine que son papi était dans son cœur pour toujours, même s'il ne pouvait plus le toucher, l'entendre ou le sentir.

Je lui ai demandé comment il se sentait lorsqu'il pensait à son papi. Triste. J'en ai profité pour lui rappeler le message de la tristesse. Puis, je l'ai invité à fermer les yeux et à penser à un moment qu'il avait aimé vivre avec son papi. Il a réfléchi.

Lorsque je lui ai demandé comment il se sentait maintenant, il a souri.

Je lui ai expliqué qu'il avait un autre super pouvoir, celui de retrouver la joie, rien qu'en pensant à ce qu'il aimait vivre avec son grand-père.

Et puis, je l'ai invité à réfléchir à l'histoire qu'il avait envie de se raconter pour se sentir moins triste quand il pensait à la mort.

"Ben moi quand tu seras morte, et ben je viendrai te déterrer, comme ça tu seras plus morte."

Alors, on a beaucoup ri ! Et j'ai secrètement remercié mon fils aîné du haut de ses presque 4 ans à l'époque, de m'avoir préparé à répondre à cette question 8 ans auparavant, lorsque j'attendais son frère et sa sœur :

"Dis maman, tu es vieille (je me préparai à une réponse hautement philosophique, mais la suite m'a coupée dans mon élan) ? Donc tu vas bientôt mourir. Alors quand tu seras morte, je m'occuperai des bébés, parce que je serai leur grand frère".

Dans la tête des enfants, la mort peut-être aussi simple et naturelle que ça. Ce qui donne des questions existentielles au petit dej', alors que tu n'as pas encore replacé tous tes neurones au bon endroit !

Et vous, comment parlez-vous de la mort à vos enfants ? Avec aisance ou en étant mal à l'aise ? Avec détachement ou avec beaucoup d'émotions ? Et eux, ils vous en parlent comment ?

Fanette, Coach & Educ 🌱

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