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Rivalité Fraternelle : Quand la relation entre nos enfants ne correspond pas à notre idéal.

  • Photo du rédacteur: Fanette, Coach & Educ
    Fanette, Coach & Educ
  • 25 févr. 2022
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 août 2023

Nous l’avons tous vécu, à des intensités variables, que ce soit au sein de notre propre famille ou au travers d’histoires entendues à l’école. Il nous arrive de replonger dans ces souvenirs d’enfance lorsque l’on est adulte, et cela génère bien souvent d’intenses émotions. Ces mots-là nous laissent rarement indifférents. On peut y penser avec une douce nostalgie et de l’amusement, signe que malgré les conflits, nous avons réussi à construire une relation épanouie avec nos frères et sœurs au fil du temps. Mais, il se peut aussi que ces souvenirs laissent un goût amer, un sentiment de colère, lorsque le lien frère/sœur n’a pas pu s’établir sereinement. Ce qui est certain, c'est que cette notion de rivalité fraternelle ne laisse pas indifférent.

Lorsque le couple décide d’avoir un nouvel enfant, il imagine que cela va être un chouette cadeau pour leur aîné, un super compagnon de jeu qui lui permettra de ne jamais être seul. Certains parents réfléchissent en amont à l’accueil que leur « grand » fera au nouveau-né et essayent de baliser les choses du mieux qu’ils peuvent (réflexion pour l’écart d’âge idéal entre les deux enfants, mise en place de temps individualisés pour chacun) dans l’espoir que tout se passe au mieux.

Mais, pouvons-nous réellement se préparer à quelque chose de complètement hypothétique et qui trouve son origine dans de multiples facteurs ? Parfois l’aîné va bien accepter la présence du bébé les premiers mois, mais cela ne prémunie pas d’une relation épanouie par la suite. D’autres fois, il pourra avoir des mots très durs envers ce nouveau-né encore niché dans le ventre de sa maman, mais lui fera un superbe accueil à la naissance. Il se peut aussi que les confits viennent du petit dernier, ou encore que l’ensemble de la fratrie se ligue contre un seul des enfants. La rivalité fraternelle accompagne les différentes étapes du développement de l’enfant et peut donc s’intensifier notamment au moment de l’adolescence. Ces conflits peuvent donc prendre des formes variées.

Malgré le fait que nous ayons tous vécu des conflits avec nos frères et sœurs lorsque nous étions nous même enfant, nous ne sommes pas pour autant préparer à les gérer une fois devenu parent. De profonds souvenirs sont réactivés et ne nous permettent pas de réagir avec autant de distance qu’il le faudrait. Bien souvent, les parents vivent un sentiment d’impuissance, d’échec, voire de culpabilité lorsque leurs enfants ne parviennent pas à s’entendre. On se demande ce que l’on n’a pas ou mal fait…

Cela peut aussi nous conduire à des prédictions négatives qui ne font que cristalliser les tensions autour de la relation fraternelle : Comment s’entendront-ils une fois adulte ? Seront-ils proches ou continueront-ils à se haïr ? En effet, chaque parent a le désir profond que leurs enfants soient présents les uns pour les autres tout au long de leur vie, dans l’amour et la bienveillance. Ainsi, un travail de deuil de la fratrie idéale est parfois nécessaire.


Dans cet article, je tenterai de répondre aux questions suivantes : Comment définir la rivalité fraternelle? Est-elle nécessaire au développement des enfants ? Quelles en sont les causes principales ? Et enfin, est-il possible de mettre en place des choses en amont ou en situation de crise, pour éviter que les conflits entre nos bambins ne deviennent préjudiciables ?


Comment définir la rivalité fraternelle ?

Selon le dictionnaire Le Petit Robert, il s’agit d’une « situation de deux ou plusieurs personnes qui se disputent quelque chose ». Etre en rivalité, c’est être en concurrence avec une personne avec qui l’on prétend au même avantage, au même succès. Dans la rivalité fraternelle, on parle de compétition entre frère et sœur. Cela peut prendre la forme de chicanes, d’insultes, de coups, de sentiments de jalousie et de haine, de comparaisons, d’humiliations, de moqueries, de mises à l’écart…

Le quotidien peut devenir ingérable et le climat familial fortement impacté par ces tempêtes enfantines, mais pas moins sérieuses. Stress, cris, tensions, frustrations, agressions, les relations entre nos enfants peuvent mettre nos nerfs à rude épreuve.


Mais que peuvent bien se disputer nos enfants ?

Dans la rivalité fraternelle, l’enjeu principal est l’amour des parents ; nos enfants se battent pour avoir toute notre attention. Ils recherchent l'exclusivité. La peur de manquer, de perdre ou de recevoir moins de nourritures affectives s’installe à partir du moment où un second enfant arrive à la maison. Cela touche l’instinct de survie.

Pour survivre et se développer, l’enfant nécessite que ses parents répondent à ses besoins physiologiques (la nourriture, le logement, la chaleur, les caresses), puis à ses besoins de sécurité (règles, interdits, cadre) et d’appartenance (le sens de l’identité, le sentiment de valeur personnelle et le sentiment d’être unique).


Ainsi, lorsqu’un nouvel enfant arrive, alors que nos aînés n’ont rien demandé et qu’en plus on leur dit que ça va être génial de prêter ses jouets et d’avoir des responsabilités de « grand » en prenant soin de cet intrus, il y a de quoi se sentir menacé et en colère, non ?


Les compétences développées à travers la rivalité fraternelle

Dans leur ouvrage « Frères et sœurs sans rivalité », Adele Faber et Elaine Mazlish nous rappellent que cette compétition fraternelle permet à nos enfants de développer leurs compétences relationnelles de base :

  • Forger leur caractère : s’affirmer, se défendre, faire des compromis, composer, négocier

  • Développer leur capacité d’adaptation

  • Apprendre le partage

  • Prendre en compte les opinions de l’autre

  • Accroître leur agilité et leur rapidité dans leurs bousculades

  • Différencier la blague de la blessure par les affrontements verbaux

  • Avoir envie de se dépasser pour faire mieux que l’autre et donc apprendre à persévérer et à se donner les moyens de réussir

  • Expérimenter toutes sortes d’émotions agréables ou désagréables et apprendre à les canaliser

Tout n’est donc pas à jeter à la poubelle dans cette rivalité fraternelle, car elle contribue à l’épanouissement de l’enfant. Le rôle du parent est de veiller à ce que cette compétition reste « positive » et que leurs enfants n’en « soient pas définitivement découragés ou affectés »[1].


Hormis le fait qu’ils peuvent mettre à mal l’équilibre familial, les conflits qui vont au-delà de ce que l’on pourrait appeler une rivalité nécessaire, peuvent altérer le bon développement de l’enfant en détruisant l’estime de soi, en dégradant ses capacités à créer du lien à l’autre sereinement et en créant de possibles traumatismes qui viendront impacter sa vie d’adulte.


Alors, comment savoir si la rivalité fraternelle dépasse les limites acceptables ?

  1. En premier lieu, il n’est pas tolérable que cette rivalité prenne une tournure de pugilat : interdiction stricte de la violence, qu’elle soit physique, émotionnelle ou sexuelle.

  2. Ce qui peut aussi interpeller les parents, c’est lorsque la relation fraternelle ne laisse jamais place à des moments de partage et de complicité. Si les conflits sont permanents, du réveil au coucher, chaque jour de la semaine, il est temps de mettre des stratégies en place pour que les tensions entre nos enfants s’apaisent.

  3. Il est important de veiller à ce que les conflits ne s’intensifient pas au fil du temps avec une escalade de la violence. Les parents doivent aussi être attentifs à ce qu’aucun enfant ne devienne le bouc émissaire dans la fratrie, amenant le repli sur soi, la peur ou la tristesse.

Quelles sont les causes possibles de cette rivalité fraternelle ?

Nous l’avons vu un peu plus haut, la cause principale est la recherche de l’attention exclusive de ses parents.

Mais il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu et qui intensifient plus ou moins les conflits entre frère et sœur :

  • La nature égocentrique des tout-petits, qui entraîne une difficulté à partager.

  • Chez les adolescents, nous verrons plutôt la recherche d’indépendance et d’identité qui peut rendre électrique la relation avec le plus jeune, qui de son côté imite ou suit le plus grand pour apprendre.

  • Certaines personnalités sont naturellement plus compétitives et centrées sur la comparaison. Certains enfants sont plus sensibles que d’autres aux notions de justice, d’égalité et d’équité. D’autres auront un grand besoin de réassurance et d’attention, ou se montreront plus rigides face aux changements. Le mélange de toutes ces individualités au sein d’une même fratrie peut créer une belle cacophonie. Répondre aux besoins individuels de chacun de ses enfants devient un sacré challenge pour les parents.

  • Le modèle parental peut notamment influencer la relation entre frère et sœur. Comment les parents gèrent-ils leurs désaccords et leurs différences d’opinion ? Comment communiquent-ils entre eux ?

  • L’ordre de naissance semble aussi avoir un impact sur la rivalité fraternelle : les aînés seraient davantage dans le conflit. En effet, durant une période plus ou moins longue, de par leur position de premier enfant, ils ont pu profiter de leurs parents pour eux tout seul. Ils ont ainsi davantage conscience de ce qu’ils perdent en terme d’exclusivité lorsqu’un nouveau-né arrive et peuvent le vivre de façon plus difficile que leurs cadets, qui eux ont toujours connu le partage de leur parent.

  • Ce qui va notamment renforcer les conflits entre frère et sœur, ce sont les comparaisons ou le favoritisme, qui sont bien souvent inconscients, de la part des parents ou de l’ensemble de l’entourage familial. Parfois, on se sent plus proche d’un enfant parce qu’il nous ressemble beaucoup (physiquement ou dans ses traits de personnalité), parce qu’on le sent plus fragile, parce qu’il a des soucis de santé, ou parce qu’il est mis à l’écart par ses frères et sœurs. Ainsi, on a tendance à lui donner des privilèges et bien souvent, cela rigidifie un peu plus les tensions au sein de la fratrie.

  • Il semble que les enfants du même sexe soient plus enclins à la rivalité fraternelle.

  • Les besoins physiologiques non remplis, tels que la faim et la fatigue, peuvent aussi influer sur les conflits entre frère et sœur.

  • Les familles où il y a peu de stimulations intellectuelles et physiques, où l’ennui est présent.

  • La faible estime de soi et le sentiment d’être insécure favorisent aussi les comparaisons et les jalousies.

  • Les familles où la parole circule peu, où l’on n’explique ni les règles, ni ses prises de décisions : cela laisse place aux ressentiments qui s’accumulent et qui entachent progressivement les relations fraternelles (et aussi la relation parent-enfant).

Les parents ont donc la difficile tâche de parvenir à nourrir les besoins d’amour inconditionnel, de sécurité et d’individualité de chacun de leurs enfants, jusqu’à ce qu’ils soient en capacité de maîtriser leur environnement. D’ici là, gare au favoritisme, aux comparaisons, à la position de juge et d’arbitre… conscientisés ou non, au risque d’envenimer la situation…


Comment réagir face à cette rivalité fraternelle et que mettre en place ?

Nous l’aurons compris, il est impossible et non recommandé de vaincre cette rivalité, puisqu’elle permet d’acquérir des compétences relationnelles dès le plus jeune âge. Mais cela peut et doit se faire sans violence, dans un climat sécure et bienveillant.

En tant que parent, nous avons le pouvoir de faire toute la différence ; « accentuer la compétition ou l’atténuer, (…) inciter nos enfants à réprimer leurs sentiments hostiles ou à les exprimer en toute sécurité (…), susciter les disputes ou au contraire de favoriser la coopération»[2].


Notre rôle est de transmettre les compétences nécessaires à toutes relations affectives à nos enfants, ce qui leur servira pour l’ensemble de leurs relations dans leur vie d’adulte.


Voici 10 pistes d'actions qui vous permettront de favoriser un climat harmonieux dans votre maison et d’apaiser les rivalités fraternelles :


1. Ne vous positionnez pas en tant que juge ou arbitre. Gardez en tête qu’il « faut être deux pour danser le tango ». Si la violence se présente et vous oblige à intervenir, ne donnez pas raison à l’un ou l’autre. Permettez la circulation de la parole, l’expression respectueuse des sentiments de chacun des protagonistes et encouragez-les à trouver des solutions acceptables par tous et sans l'intervention des adultes.


2. Créez des temps d’échange réguliers, où les valeurs de votre famille seront transmises, où chacun pourra exprimer ses besoins et ses attentes et où les règles et les limites seront clairement expliquées à tous.


3. Accorder à chacun de vos enfants des temps individualisés : rappelez-vous que ce n’est pas la quantité qui est importante, mais bien la qualité du temps passé ensemble. Même si vous n’avez que 15 minutes à accorder à votre enfant, veillez à être entièrement disponible pour lui durant ce moment en tête à tête.


4. Proposez régulièrement des activités agréables à l’ensemble de la famille : il ne s’agit pas de faire des choses extraordinaires et coûteuses, mais juste de créer un « en commun » et ainsi de favoriser le lien entre chaque membre de la famille (un pique-nique, une balade, un jeu de société, un repas préparé ensemble).


5. Donner la même chose à chacun, c'est donner moins : vos enfants sont tous différents et ne possèdent donc pas les mêmes besoins. Cela peut être l’occasion d’expliquer les nuances entre les notions d’égalité et d’équité.


6. Evitez les comparaisons : indiquez seulement à votre enfant quel est le comportement qui ne vous convient pas et ce qu'il vous fait ressentir.


7. Rien ne sert de culpabiliser votre enfant (ni vous-même), sur ce qu’il ressent. Nous n’avons aucun contrôle sur nos sentiments. Par contre, nous sommes responsables de la façon dont on les exprime. Nous ne sommes pas obligés de tous nous aimer, mais nous avons le devoir de respecter l’autre dans sa différence.


8. Evitez la compétition au maximum et exprimez votre amour de leurs différences. Transmettez à vos enfants que le plus important n’est pas celui qui gagne ou qui arrive en premier, mais le moment passé ensemble et le chemin parcouru. C’est la notion d’équipe familiale qui doit primer.


9. Permettez à vos enfants d'exprimer leurs sentiments en accueillant leurs propos et montrez-leur comment les extérioriser en toute sécurité.


10. Attention aux étiquettes : n'enfermez pas un enfant dans un rôle afin de lui permettre de changer de comportement si le sien n'est pas adapté. Centrez-vous sur ses forces plutôt que sur ses faiblesses.


Expérimentez ces astuces à votre rythme et surtout, soyez bienveillant avec vous même en gardant en tête que Rome ne s'est pas construite en un jour. Un pas après l'autre !

J'espère que cet article vous permettra de porter un autre regard sur la rivalité fraternelle et que les conseils proposés vous conduiront sur le chemin de l'harmonie familiale.

N’hésitez pas à me contacter pour faire le point sur votre situation.


Fanette, Coach&Educ 🌱

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Merci !


[1] et [2] A. Faber et E. Mazlish, « Frères et sœurs sans rivalité », Traduction R. Roy, Aux Editions du Phare, Canada, 2013.

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